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Economie

LIBRE MARCHÉ : La RDC versus les contrats chinois

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Les stratégies de négociation sont multiples dans les affaires. Il est recommandé fortement de connaître la culture et les valeurs des individus avec qui on est appelé à négocier afin de transiger dans un climat de considération et respect mutuels. Pendant la négociation, il est essentiel d’écarter des pratiques paternalistes ou une conduite condescendante qui peut nuire et rendre toxique les négociations. Négocier est d’abord un art d’écoute et de concession pour gagner. Le processus de négociation puise dans les approches de médiation et de concialiation. La motivation principale est d’accéder à un bien-être, à trouver un terrain d’entente entre partenaires d’affaires. On n’est pas obligé d’être des amis.

Cette approche peut faire toute la différence, car elle cristalise des données critiques qui sont susceptibles d’orienter le dialogue et d’aboutir sur des bons résultats. La bonne foi et la confiance n’existent dans les affaires. Chaque partie cherche à faire plus de gain. Si la Chine s’intéresse à nous, nous devrions au minimum fustiger sa motivation et nous engager de notre côté à connaître les facettes de sa culture, ses valeurs, sa vision du monde des affaires, son système politique et les avantages que nous pourrions tirer d’elle.

Entre les nations, il n’y a que des intérêts qui comptent. Les compagnies chinoises ne viennent pas en RDC pour faire de l’humanitaire. Elles viennent brasser de l’argent. Et c’est parce qu’elles savent qu’il y a du pognon à faire. Autrement, elles iraient s’établir ailleurs.

Des compagnies chinoises sont présentes en RDC depuis plus de quatre décennies. Qui en a fait le bilan ? Où sont les études congolaises qui évaluent ce partenariat. Sommes-nous gagnants ou perdants ?

L’apport des firmes chinoises en RDC serait dangereusement très opaque et très mitigé sur plusieurs plans. Si on ne les surveille pas, elles ne respectent pas les contrats. Il y en a des projets qui sont étirés dans le temps. Il est temps que l’IGF trouve le moyen d’auditer sans complaisance les projets chinois sur les deux dernières décennies. Ça fait plus de 4 ans qu’une firme chinoise n’arrive pas à finaliser le stade de Nyantende à Bukavu. Si le contrat était bien rédigé, cette firme aurait payé des pénalités au gouvernorat du Sud-Kivu. Avec les 5 Chantiers et la Révolution de la modernité, est-il possible d’avoir un rapport détaillé sur les réalisations des firmes chinoises ? Si les firmes chinoises ont participé dans des magouilles de détournement, nous sommes dans le droit de les poursuivre et d’exiger un remboursement de toute la totalité des fonds.

Du moins, c’est mon positionnement. Dans cette lecture, mon cadre d’analyse de la géopolitique économique va relater quelques hypothèses pour corroborer mes affirmations.

Des compagnies chinoises se comportent comme des gangsters véreux. Elles fonctionnent sur un modèle de collusion opaque, comme des hors la loi. Elles ne respectent pas les procédures et les droits des travailleurs. Si on effectue une visite au ministère de l’emploi, il est possible de découvrir que les compagnies chinoises ne remettent pas les déductions en cotisation des salaires à l’Etat congolais et ne respectent pas le code du travail en matière de sécurité. Elles accordent un soutien financier à une oligarchie parachutée et sans vision, facilitent la gabegie et la prédation. Elles maintiennent l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat, participent à la destruction de l’environnement et à l’exploitation à outrance des zones minières sans un engagement social, refusent la reddition des comptes et le non respect des clauses des contrats, sont un recul en matière des acquis démocratiques et alimentent le manque de transparence pour le financement des projets, l’absence du transfert technologique et d’échange des connaissances.

La politique chinoise en RDC est essentiellement mercantiliste, consistant à créer des liens de dépendance vicieuse et à transformer notre pays en un espace des consommateurs des biens manufacturés en Chine. Il n’y a aucun projet structurant chinois en RDC. La sous-traitance octroyée aux firmes chinoises profite plus aux chinois qu’aux locaux. Avons-nous une firme chinoise qui transforme des biens en RDC ? Il n’existe même pas une compagnie qui met en conserve des haricots, du blé d’Inde, ni des ananas. Elles viennent nous dépouiller et devenir encore plus fortes pour faire concurrence avec leurs compétiteurs.

L’autre raison, les firmes chinoises adorent le dollar. Elles aiment s’établir là où il y a moins de réglementation et là où il y a une grande fluidité de dollars et de l’or. Les deux grandes valeurs refuges pour stabiliser son économie. La RDC offre plus. Les firmes du Tigre géant asiatique ont trouvé un terreau fertile et facile en RDC. En plus d’un peuple docile qui ne revendique rien, ils ont accès à tout à vil prix.

Génèse de la séduction chinoise en RDC

Le Zaïre de Mobutu a ouvert ses portes à la Chine dès les années 1970. Mobutu avait effectué une visite en Chine pour rencontrer Mao Tsé Tong. Au retour de sa visite, Mobutu avait proclamé le retour à l’authenticité et avait affiché son indépendance politique en expropriant les européens-zaïrois de leurs biens au nom de la politique de la Zaïrianisation. Les biens et les domaines des belges qui constituaient le socle de l’économie du pays étaient distribués aux mandataires-acquéreurs zaïrois. C’était le début de la descente aux enfers de notre pays sur le plan économique.

L’élite locale de l’époque s’était retrouvée en train d’administrer des affaires dont elle n’avait pas les compétences. On peut imaginer le reste. Des images défilent dans nos cerveaux. Le départ des occidentaux avait laissé un vide que des chinois sont venus combler par vague successive.

En RDC, la présence chinoise a toujours été cosmétique. Rien de substantiel et de visible. Les chinois s’intéressent plus à l’exploitation de l’or, du cuivre, du cobalt, de l’uranium, du coltan, des terres rares et au commerce du diamant, des animaux et du bois.

Pour la construction des routes, la RDC doit développer sa propre expertise afin de donner ce marché aux compagnies locales qui peuvent soumettre en partenariat avec des compagnies étrangères. Dès les débuts des années 1980, les firmes chinoises étaient présentes sur toute l’étendue de la partie orientale de la RDC. Nous les avons vues dans des projets d’agriculture dans la plaine de la Ruzizi, des projets de réhabilitation des routes. Dans l’ancien Kivu et dans l’ancien Haut-Zaïre, les firmes chinoises s’intéressaient aux minerais en cachette dans la brousse tout en s’occupant des constructions des routes.

Des négociations qui avantagent la Chine

Les chinois sont des « gamblers ». Ils savent miser leur argent pour gagner plus. Ce sont des vrais capitalistes, des faux communistes. Le communisme n’est qu’un faux prétexte idéologique. Sous le règne de Mobutu, les clauses des contrats n’étaient pas d’intérêt public. Des firmes étrangères s’invitaient et obtenaient des contrats dans l’opacité. La classe politique ne comprennait pas les raisons qui éternisaient les fins de projet. La route qui devait relier Walikale à Kisangani n’aurait jamais été livrée selon les clauses du contrat. Et pourtant, des chinois y ont travaillé pendant des années sans reddition de compte. La fin du règne de Mobutu avait mis un frein temporairement à la présence des firmes chinoises. Elles sont revenues par la petite porte sous le règne de Mzee Kabila qui s’était aliéné de ses parrains qui lui avaient facilité d’accéder au pouvoir.

L’Occident s’était investi diplomatiquement, financièrement et militairement pour faire tomber le régime agonisant du dictacteur Mobutu. À l’assassinat de Mzee Laurent Désiré Kabila, son fils, Joseph Kabila pris le pouvoir au moment où l’Occident capitaliste converti au néo-libéralisme galvanisait toute son intelligence pour élargir son cercle d’influence autour des zones d’influence de Moscou, et dans la suite il devait combattre le réseau du terrorisme intégriste musulman qui constituait une menace pernicieuse au niveau international.

Le crédit chinois au développement (la dette liée ou l’aide liée) commençait à attirer les décideurs congolais sans pour autant comprendre la portée des conditionnalités et les conséquences à court et long terme. Il serait imminent de revisiter ces contrats. La dernière tournée du président Félix pour aller s’enquérir du niveau des exploitations minières dans la grande région du Sud-Est de la RDC, une à la Gecamines et l’autre, dans une exploitation minière chinoise, a révélé un message très accusateur qui nous laissent dibutatifs et pantois quant au respect des clauses de négociations et du respect des textes juridiques. Les firmes chinoises ne respectent pas leurs contrats et l’engagement de leurs signatures.

Nous devrions comprendre que les firmes chinoises n’écoutent pas les invectives et les mises en garde. Il est très important de comprendre leur environnement mental en intégrant au minimum un cours sur l’histoire de la civilisation chinoise dans le cursus scolaire congolais. Aussi, pour les firmes chinoises qui viennent oeuvrer en RDC, il est très important de leur faire signer une charte des valeurs et de responsabilité où elles s’engagent à respecter nos lois, notre environnement et nos cultures.

Si le Président Félix Tshisekedi avait décidé d’aller s’enquérir de la matérialisation des clauses des contrats chinois lors de dernière visite dans la province du Lualaba, c’est parce que justement, le non respect des contracts porte des préjudices irreversibles aux congolais et en même temps présentent ces partenaires comme des opportunistes, non fiables, cupides et boulimiques.

Le ton du Président était ferme, respectueux et visionnaire. Il traduisait un malaise que les chinois devraient décrypter pour s’ajuster. Le président a posé une question très claire à l’ingénieur congolais. « Si j’ai bien compris, la Gecamines ne devrait pas se limiter à ensacher les granules d’hydroxyde de cobalt pour le marché international, mais devrait faire plus en utilisant nos ingénieurs pour développer un produit qui donne une valeur ajoutée à notre cobalt ». Si nos ingénieurs ne savent pas qu’est-ce que l’on fait avec le cobalt alors nous devons avoir un problème. Avec les firmes chinoises en RDC, il y a à boire, à manger et à vomir. Le congolais devrait prouver qu’il a encore les facultés d’être maître chez-lui.

Un article de  Alex Ba Matembera

 

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