« Officiellement », la ville de Bukavu est tombée ce dimanche. Plus de 24h avant, il était observé le retrait total des Forces Armées de la RDC et toutes les autorités politico administratives.
Sans affrontement ni obstacle, la présence des éléments du M23/AFC est remarquable sur plusieurs axes de la Ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, ce dimanche 16 février 2025. Selon les témoignages des habitants, ils sont entrés silencieusement aux environs de 4h00 heure locale, à travers la frontière Ruzizi II (entre la RDC et le Rwanda) et la deuxième équipe serait vue vers le quartier Brasserie sur la route reliant la ville à l’aéroport de Kavumu. Aux environs de 7h00 du matin, les groupes du M23 étaient déjà éparpillées dans certains quartiers et sur plusieurs artères principales de la ville.
Depuis les après-midis du vendredi 14 février, après la chute de la cité et l’aéroport de Kavumu, les autorités politico-administrative et les FARDC ont tous abandonné la ville de Bukavu. Environs deux jours durant, la terreur a régné sur Bukavu et tout le monde a eu du mal à s’imaginer de quoi il s’agissait concrètement.
Les habitants sont restés enfermés dans leurs maisons quand les détonations d’armes lourdes et légères ont commencé. Jusque-là, les éléments du M23 n’étaient pas encore visibles dans la ville.
C’est juste après le retrait des autorités provinciales, urbaines et les FARDC que certains jeunes et enfants ont ramassé armes et équipements qui seraient jetés par les militaires. Ils en ont utilisé pour semer la terreur, les tracasseries et les pillages partout. Des vidéos des scènes pitoyables ont circulé sur la toile le samedi 15 février. Des enfants (mineurs) porteurs d’armes et d’autres civiles faisant la loi en ce « territoire sans maitre » sont vus en train de terroriser la population.
L’entrepôt du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a été pillé dans la nuit du vendredi au samedi. L’entrepôt Vanny Bishweka a été saccagé et pillé. Des dépôts du marché central de Kadutu ont été pillés et brulés. La société brassicole Bralima a été pillé également et plusieurs autres maisons commerciales.
Selon les sources de la société civile locale, il y a eu évasion à la prison centrale de Bukavu et à celle de Kabare. « Tous les détenus se sont évadés », a-t-on appris le vendredi. Les mêmes sources ont également indiqué que l’entrepôt des militions de guerre appartenant aux FARDC dans le quartier Industriel a été incendié.
Tôt ce dimanche, quelques corps abandonnés sont visibles à l’endroit communément appelé Luziba sur l’Avenue Paysage, d’autres au Feu-vert et d’autres encore en face du Collège Alfajiri, dans le quartier Nyalukemba. Sur place, les chefs d’avenues affirment qu’il s’agit des dégâts humains causés par cette détention illégale d’armes par ces civils.
Actuellement, les éléments du M23 contrôlent toutes les trois communes de la ville de Bukavu et ont accès libre sur toutes les entités stratégiques.
Un calme apparent s’observe dans la ville. Dans des vidéos qui font les tours de la toile, il se fait remarquer que les éléments du M23 ont improvisé une adresse à la population à la Place de l’Indépendance, au Feu-rouge et devant le gouvernorat de province.
Jusqu’à présent, personne n’a de réponse à la question de savoir pourquoi les FARDC n’ont pas voulu les affronter durant ces deux jours depuis la défaite du centre de Katana situé à plus ou moins 45 Km au Nord de Bukavu.
L’appel de la société civile a-t-il été entendu par les autorités congolaises? Peu avant l’entrée du M23/AFC/RDF, la société civile avait demandé qu’i n’y ait pas affrontement à Bukavu si les FARDC ne se sentent pas capables de contenir l’ennemi « afin de préserver le carnage » en pleine ville.
Le samedi 15 février, à 22h03 heure locale, le Président Français, Emmanuel Macron, a, sur son compte X, exigé le retrait immédiat et l’abandon du projet d’occuper la ville de Bukavu et l’aéroport de Kavumu par le M23.
J’ai échangé avec le Président Tshisekedi sur la situation très préoccupante dans le Sud Kivu.
Nous avons exprimé notre accord sur les points suivants.
→ Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat qui doit être respecté par toutes les parties.
→ Le M23 doit…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 15, 2025
Après cette annonce, des images indiquant le retour des convois des militaires FARDC ont circulé sur la toile; malheureusement rien n’a filtré par rapport à leur destination jusqu’à l’arrivée du M23.
Quelques tirs sporadiques sont présentement entendu dans la ville et beaucoup plus vers le camp militaire Saïo et les quartiers avoisinants. Des tirs dits « de ratissage ».
Ahana & Amisi
