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Sud-Kivu : Mourir pour Kamerhe, pour quelles raisons ?

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Après l’arrestation de Vital Kamerhe pour raison d’enquêtes, des manifestations se déroulent dans certains  milieux périphériques  et ville de l’Est de la RDC spécialement dans le territoire de Walungu et les villes de Bukavu et Goma. L’objectif de ces manifestations c’est la libération pure et simple de Vital Kamerhe. Plusieurs analystes se posent la question de savoir pourquoi manipuler des jeunes pour demander la libération d’une personne appelée à répondre en justice comme tout citoyen congolais, encore que son droit à la présomption d’innocence n’est pas violé. Pour eux, depuis que Kamerhe est dans le sillage politique, l’Est, en particulier le Sud-Kivu n’a rien bénéficié de sa position.

Les programmes de 100 jours du président est une preuve éloquente car Vital Kamerhe, fils du Kivu seul était aux commandes.

Selon un rapport du collectif Amka Congo, il ressort que, sur un total de 317 km de routes retenus pour être réhabilitées au Sud-Kivu, seuls 70,6 km l’ont été, soit un taux d’exécution de 22,27 %.  Dans le même rapport, la province du Sud-Kivu devrait bénéficier d’une cagnotte d’environ 17 Millions de dollars pour un total de 21 projets repartis en 8 grands domaines.

« Seuls trois ponts ont été réhabilités sur les sept prévus, soit un taux de réalisation de 42,8%. Aucune activité réalisée pour les logements sociaux, 0% d’exécution dans la construction des barrages hydroélectriques, de même pour l’agriculture, pêche, éducation et emploi », note le rapport.

AMKA-Congo dénonce, par ailleurs, la mauvaise qualité des travaux réalisés par manque de suivi, d’évaluation et d’une communication suffisante. Cette situation s’explique par le fait que certaines routes sont devenues impraticables, quelques semaines seulement après leur réhabilitation.

Face à ce tableau sombre, certains habitants de Bukavu ne comprennent pas comment leur élu, et d’ailleurs le meilleur de toute la république à la députation nationale peut-être accuser d’avoir détourné de l’argent qui servirait à la réhabilitation des routes.

« Depuis 2006 moi je vote pour Kamerhe. En 2018 aussi je l’ai voté. S’il a vraiment volé cet argent, c’est une déception pour moi », regrette un vieux rencontré dans la ville de Bukavu.

Pour les plus jeunes, Kamerhe depuis qu’il est aux affaires, il n’a rien fait pour ses électeurs.

« Kamerhe est un type très malin. Depuis qu’il est en politique aucune œuvre sociale à l’intention de ses électeurs. Aucune école moderne, pas d’hôpitaux, et moins encore une simple route pour aller vers son village natal à Walungu. Toutes les routes en province sont  dans un état de délabrement. Il a une seule spécialité, son éloquence qui lui permet de convaincre facilement certaines gens qui n’ont jamais compris sa flatterie. Lors des élections il va revenir et tenter encore de nous flouer. S’il a volé moi je suis pour qu’on l’incarcère et qu’il restitue l’argent du peuple congolais. Et s’il est innocent qu’on le libère », estime Julien Akonkwa, un jeune changeur des monnaies et électeur de Vital Kamerhe selon ses propres mots.

Pour certains jeunes de Goma, les manifestations qui ont eu lieu dans leur ville n’avaient pas raison d’être. Pour eux, on doit laisser la justice faire son travail.

« Vous nous avez gâché la journée pour rien et paralysé les activités à cause de votre fanatisme des irresponsables. Avec le feu brulé sur la chaussée, vous avez détruit nos petites routes à Goma construites dans la douleur à l’époque du gouverneur Julien Paluku. Nous vous disons de laisser à la justice de faire son travail. L’argent que Kamerhe aurait volé il a partagé avec vos membres de famille ? Il a construit combien de mètres de route ou des ravins chez lui à Bukavu ? », autant de questions, voire d’autres qui seraient considérées comme vie privée que ces jeunes se posent dans une lettre ouverte qui fait la une des réseaux sociaux.

Au sud Kivu voisin, les jeunes de l’UNC ne démotivent pas. Ils promettent de continuer les manifestations pour exiger la libération de leur leader.

« Nous vous informons que nous n’abandonnerons pas la rue aussi longtemps que notre président ne sera pas libéré », font-ils savoir dans un document manuscrit signé respectivement par Fidèle Mugisho de la jeunesse urbaine de Bukavu et Eric Mutembezi de l’inter fédération des jeunes UNC Sud-Kivu.

En cette période de trouble politique et sanitaire, les forces en présence devraient mettre un peu d’eau dans leur vin, estime une source proche de l’opposition au Sud-Kivu.

Pour cet analyste, « nous avons tous voulu un Etat de droit, encourageons la justice à bien faire son travail en disant le droit et rien que le droit car « personne et alors personne n’est au-dessus de la loi ».

« Un leader doit être modèle. Si notre frère a mis son nez dans des dossiers sales alors la population doit s’assumer et comprendre d’avantage que nous sommes mal représentés », conclue notre source.

Certains analystes et observateurs au Sud-Kivu, pensent que l’arrestation de Vital Kamerhe ne devrait étonner personne.

‘’Nous ne comprenons pas comment les hommes s’agitent de l’arrestation de Vital Kamerhe et tout le monde commence à tribaliser la question. Il est juste question de se demander comment à peine accéder au pouvoir Kamerhe est directement tombé dans une sorte de folie démesurée. Cela apparait comme une vie privée, mais il a exagéré, surtout au regard de son âge et surtout s’il pouvait comprendre que l’espoir de tout un peuple longtemps meurtri reposerait sur lui en tant que l’un de ses représentants. Avec cette sorte de folie du pouvoir, il était prévisible que notre frère trempe tôt ou tard dans des dossiers de détournements. Et voilà pourquoi nous devrions laisser la justice faire son travail en toute indépendance et non influencer les chefs de l’Etat à interférer dans les affaires judiciaires,’’ martèle un jeune analyste. L’Etat de droit tant souhaité par la plupart des congolais a ses exigences, et nous devrions fournir un effort pour nous y habituer en dépit du fait que nous sommes longtemps restés dans la jungle, conclu-t-il.

Histoire politique de Kamerhe

Kamerhe affirme avoir fait ses premiers pas politiques dans l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS ). Plusieurs sources affirment qu’il avait milité auparavant au Front des jeunes mobutistes (FROJEMO) et aurait joué le rôle d’« informateur » pendant ses études au campus de Kinshasa.[réf. nécessaire] Vital Kamerhe lui-même (lors d’une interview le 10 mai 2014) fait remonter le début de son engagement politique à 1981, alors qu’il était à l’université en deuxième année du premier cycle (« graduat »), tout en se défendant de l’avoir été sous la bannière du Mouvement populaire de la Révolution. En 1987, il aurait rencontré le maréchal Mobutu à Nsele, rencontre initiée par le Service d’action et de renseignements militaire, alors qu’en 1983 il avait rejoint les jeunes partisans de l’UDPS d’Étienne Tshisekedi8.

À la fin de ses études, Vital Kamerhe rejoint les sphères mobutistes d’abord comme coordonnateur de la Cellule d’études de planification de l’Enseignement supérieur et universitaire de 1988 à 1989, puis comme conseiller économique et financier au Ministère des Mines et Énergie de 1989 à 1990.

De 1991 à 1992, pas moins de quatre premiers ministres se succèdent. Vital Kamerhe occupe plusieurs postes de manière plus ou moins éphémère. Il devient conseiller au ministère des Mines sous le gouvernement de Jean Nguza Karl-I-Bond en 1992. Toujours en 1992 il devient conseiller financier au ministère des Postes, Téléphones et Télécommunication, tout en assumant la fonction de directeur des études de la Chambre de commerce franco-zaïroise. Durant cette période, d’après les propres dires de Kamerhe9il abandonne son postnom (Lwa Kanyiginyi Nkingi) « pour des raisons médiatiques ».

De 1990 à 1995, il assure la fonction de président de la Jeunesse de l’Union sacrée de l’opposition radicale et alliés (JUSORAL)6

Pendant cette période, il occupe plusieurs fonctions dans divers cabinets ministériels à un rythme aussi accéléré que lors des successions de gouvernements éphémères de 1991. En 1993 il est directeur du cabinet du ministère de l’Environnement, Tourisme et Conservation de la Nature (le Zaïre a eu deux gouvernements en 1993 : celui de Faustin Birindwa, par l’ordonnance présidentielle du 2 avril 1993, et le gouvernement Tshisekedi remanié par le décret ministériel du 9 avril 1993). En 1994 il devient coordonnateur du Cabinet du Premier ministre Kengo Wa Dondo, dans le septième gouvernement de la transition de Mobutu (ordonnance du 6 juillet 1994). Enfin, de 1994 à 1995, il est directeur de cabinet au ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire Mushobekwa Kalimba wa Katana au gouvernement remanié de Kengo wa Dondo6.

 

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