RDC : Des vacances parlementaires flattées au Sud-Kivu

Les vacances parlementaires se sont écoulées sans que les électeurs n’aient rencontrés leurs élus. Alors qu’il était convenu et promis qu’à chaque vacance parlementaire, les élus devraient passer dans leurs circonscriptions électorales pour recueillir les desideratas de leurs électeurs, ces derniers ont repris le chemin de l’hémicycle sans écho. Certains de ceux qui se sont présentés dans leurs circonscriptions ont fait bon usage de la flatterie. Voilà la session budgétaire, qui plaidera pour la cause de ces circonscriptions qui n’ont pas reçu la visite de leurs parlementaires ? S’interrogent plusieurs observateurs.

Après les élections du 20 Décembre 2023, la population de la province du Sud-Kivu a élu 32 députés nationaux à travers 9 circonscriptions électorales et 4 sénateurs. Ces 36 représentants du peuple Sudkivucien dans les deux chambres du parlement, devrait tous se retrouver au côté de leurs électeurs. Cette descente permettrait aux élus de s’enquérir des besoins réels de leurs bases afin d’en faire objet de plaidoyer.  Le constat amer est de voir que la majorité ne s’est pas présentée à la base.

‘’Nous avons vu certains députes qui ont profités de ces vacances parlementaires pour juste venir participer à l’inhumation du Mwami Kabare et à la cérémonie nuptiale du Mwami Ngweshe et celui de Kaziba. Au bout de quelques jours, ils sont rentrés sans consulter qui que ce soit dans la circonscription.  C’est vraiment regrettable’’, déplore un électeur dans le territoire de Kabare

L’alinéa 1 de l’article 144 du règlement d’ordre intérieur stipule que chaque député doit séjourner pendant un mois au moins, de façon ininterrompue dans sa circonscription électorale pendant les vacances parlementaires de trois mois. C’est ainsi que les parlementaires étaient en vacance pour la première fois depuis le 15 Juin jusqu’à ce 15 Septembre 2024. Qu’ont-ils fait ceux du Sud-Kivu?

Nos députés, sont-ils égarés ? 

Bisimwa Batandi Frederic, élu national de Kabare au Sud-Kivu a dit je cite :

‘’Si vous été contant de ce que nous avons distribués, alors n’attendez plus rien de nous’’, fin de citation.

Le tableau de monitoring des activités des vacances parlementaires qui a été élaboré par les organisations de la société civile, démontre un égarement des députés qui se livrent dans des actions des charmes et caritatives. Ils oublient la mission qui leur est impartie, celle de collecter besoins de leurs électeurs et en faire un projet de plaidoyer auprès du gouvernement.

 ‘’Les actions caritatives ne doivent plus servir des critères d’évaluation d’un député. Ça ne serait pas une bonne chose d’ajouter la mission philanthropique au rôle des élus car c’est trop dangereux. Ces actions poussent les élus à chercher le moyen de fouir leurs responsabilités’’, affirme Batandi Frederic élu de Kabare au Sud-Kivu.

Contacter par la rédaction Deboutrdc, Le bureau de coordination de la société civile affirme qu’un contrôle parlementaire s’avère nécessaire à tout le niveau actuellement au Sud-Kivu. Malheureusement, Me Nene Bintu s’indigne du fait que les députés n’ont pas tenu compte des vrais besoins de la population pendant leurs vacances.

‘’Les députés qui sont venus dans leurs vacances parlementaires n’ont pas touchés les problèmes de la population. Nous avons le problème d’eau potable partout, les infrastructures sont bloquées avec les sociétés qui exécutent les travaux sans les terminer. Nos députés devraient coucher toutes ces situations que nous traversons dans leurs rapports parlementaires. Après ici nos députés devraient interpeler les animateurs sectoriels au sein du gouvernement’’, recommande Me Nene Bintu présidente du Bureau de coordination de la société civile au Sud-Kivu.

Pour le professeur Landry Cizungu qui siège au compte de Modeste Bahati Lukweboi élu de Bukavu, reconnait qu’il y a carence de l’éducation civique.

‘’Le parlement n’est pas un lieu de rééducation. Il y a des députés qui n’ont pas été élus et il y en a qui ont été bien élus mais incompétent. Il est temps de revoir l’éducation civique et la manière dont nous élisons nos députés. L’électorat est devenu un combat où le plus fort gagne, pourtant, nous sommes-là pour plaider et légiférer bien qu’il a le social qui s’ajoute’’ fait savoir le députe Landry Cizungu Ntaboba.

Quoi attendre de cette législature ?

Plus d’un observateur estime que cette législature en cours serait caractérisée par une mollesse et inertie occasionnées peut-être par le pouvoir en place. La session d’ouverture ou inaugurale qui devrait prendre 3 mois, s’est élargie jusqu’à 7 mois. Pourtant cette dernière ne concernait que l’installation du Bureau provisoire, la validation des pouvoirs, l’élection et l’installation du Bureau définitif, l’élaboration et l’adoption du Règlement intérieur.

Signalons qu’à l’Assemblée nationale, le travail parlementaire est subdivisé en deux périodes comprenant chacune trois mois. Il s’agit de la période de session ordinaire et celle des vacances parlementaires. À la fin des vacances parlementaires, le député dresse un rapport sur la vie politique, administrative, économique, sociale et culturelle de sa circonscription. Souvent ces vacances parlementaires se tiennent deux fois par an soit de Juin en Août et de Janvier en Mars. Vers la fin de la précédente législature entre Juin 2020 et Mars 2021, 150 sur 181 circonscriptions électorale ont été couverte par un rapport parlementaire. Imaginez 31 autres circonscriptions n’ont pas été pris en compte parce qu’aucun de leurs élus ne s’y est rendu.

Amisi Musada Emérite

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