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Rencontre de quelques notables du Sud-Kivu à Kinshasa. Photo crédit tiers.
Rencontre de quelques notables du Sud-Kivu à Kinshasa. Photo crédit tiers.
Leadership

SUD-KIVU : Par terre, la province crie à ses notables qui l’enterrent

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« Ce qui rend un homme politique utile à une entité, c’est sa capacité, sa détermination et sa volonté à mener de grands plaidoyers de développement qui profitent à ses électeurs »

La province du Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, connait une régression continuelle depuis plus d’une décennie et ne tend pas à renouer avec la voie du développement. En dépit de la multitude de ses fils et filles hautement placés dans la sphère politique à l’échelle nationale, le Sud-Kivu a constamment suivi sa pente descendante au point d’être surclassé par des provinces qui jadis l’enviaient sur tous les plans.

Province du Sud-Kivu, en RDC
Province du Sud-Kivu (couleur rouge), en RDC

Province stratégique et pionnière de plusieurs courants ayant concouru au changement à travers le pays, le Sud-Kivu est l’une des provinces de la RDC qui regorgent d’énormes potentialités sur tous les plans. Géopolitiquement, par exemple, l’influence de la province lui vaut une place de choix au niveau national. De ce fait, elle bénéficie de plusieurs postes ministériels et des postes de responsabilités aussi bien dans l’administration que dans les entreprises publiques et institutions du pays.

Actuellement, c’est le Sud-Kivu, à travers ses filles et fils, qui chapeaute le Sénat congolais, les ministères de Budget, Emploi, Défense Nationale, Développement Rural, Entrepreneuriat et bien d’autres postes stratégiques et de grande influence. Et par-dessus tout, la première dame est du Sud-Kivu. Un tel privilège capable de booster son émergence mais malheureusement, l’élite sud-kivutienne brille par la promotion de ses intérêts propres à elle, laissant la province sombrer dans sa propre ombre.

Le Sud-Kivu leur a tout donné. Célébrité, notoriété et richesse; ils en ont hérité de l’aura que leur a augurée la province et son modeste peuple. Mais en retour, ils n’ont que très peu, ou jamais, pensé à renvoyé l’ascenseur à leur contrée.  Que de la cupidité, que de l’égoïsme !

« Pourquoi le Sud-Kivu n’avance pas ? »

S’interroge Remy Kasindi, activiste au sein du collectif Amka Congo.

La province regorge de « notables » qui jouissent d’une grande notoriété au niveau national et dont la puissance et l’influence dans la sphère de prise de décision tardent à produire le progrès tant attendu et digne de leur rang. A 11 mois de nouvelles élections, Remy Kasindi se demande « qui a fait quoi dans cette province et comment la province a bénéficié de ses leaders ? »

Ci-dessous la première liste de quelques « leaders » sud-kivutiens de qui proviendrait l’émergence de la province mais avec qui ce rendez-vous n’a pas eu lieu!

1. Néhémie Mwilanya

Ce natif du territoire de Fizi est invraisemblablement l’un des sud-kivutiens qui ont le plus émergé en politique, durant les deux dernières décennies. En politique depuis 2001, Mwilanya va devenir le directeur de cabinet de Joseph Kabila en 2015. Ayant pour tactique la discrétion et la disponibilité, Néhémie Mwilanya a longtemps séjourné aux côtés de Joseph Kabila, avec une influence inimaginable sur toutes les décisions émanant de la présidence de la République au point d’être surnommé « vice-président » du pays.

Comment la province du Sud-Kivu ou du moins le territoire de Fizi a-t-il bénéficié de cette position stratégique occupée par l’un de ses fils ? Si le Congo pleure globalement le séjour mitigé de Joseph Kabila à la magistrature suprême, le Sud-Kivu peut pleurer que celui-ci ait eu un sud-kivutien dit « oreille et bouche du président » et que ce dernier n’ait orienté la moindre des rares initiatives du gouvernement dans sa province.

« Ce qui rend un homme politique utile à une entité, c’est sa capacité, sa détermination et sa volonté à mener de grands plaidoyers de développement qui profitent à ses électeurs », Delphin Murhabazi, activiste du mouvement citoyen Réveil des Indignées.

2. Justin Bitakwira

Le célébrissime « fils de sa grand-mère » n’est toujours pas du genre à rallier sa forte éloquence à des actions d’intérêt communautaire. Bon ! Il est de l’école de Vital Kamerhe.

Elu député national en 2006 et réélu en 2011, Justin Bitakwira n’a pas été qu’à l’hémicycle. Il a aussi été à l’exécutif, et pas à n’importe quel poste : celui de ministre du développement rural.

Rien d’étonnant, Bitakwira manquera ses premières législatives, dans sa traditionnelle circonscription d’Uvira, en 2018. C’est justement la période où il occupait ce majestueux poste ministériel, et que seul lui est sa proche famille peuvent en témoigner les délices.

Jusqu’à la perte de ce ministère, Justin Bitakwira n’a légué à ses frères du Sud-Kivu que le souvenir des dictons de sa grand-mère.

3. Claude Nyamugabo

Ayant longtemps nourri sa fidélité à Joseph Kabila, Me Nyamugabo est l’un de ses lieutenants à n’avoir pas goûté au chômage pendant le règne de la Majorité Présidentielle, MP, devenue plus tard Front Commun pour le Congo, FCC, coalition au pouvoir sous la houlette de Joseph Kabila.  Ministre plus d’une fois, gouverneur de province ou encore député national, Me Claude Nyamugabo a surfé au haut niveau de la politique congolaise ; et c’est pendant plus d’une décennie.

Gouverneur du Sud-Kivu d’octobre 2017 à mars 2019, Nyamugabo n’a que servi fidèlement les desseins de son patron naturel, le président Joseph Kabila, sans laisser les moindres miettes de délices à sa population.

La plus grande trace de sa gouvernance au Sud-Kivu reste un géant portrait fixé à la place dite Essence, dans la ville de Bukavu, avec la mention « L’homme d’action ».  A cela peut s’ajouter le concept « Nyantederisation » que sa gouvernance a introduit  au lexique bukavien, qui traduit un tel égoïsme qui l’a poussé à bourrer les services de l’Etat, tout comme les services liés au gouvernorat, de personnes issues de son village de Nyantende.

Le Sud-Kivu retiendra que c’est sous Nyamugabo que les travaux de construction du « stade de Bukavu » à Nyantende ont été lancés pour une durée de 24 mois et que 5 ans plus tard, malheureusement, ces travaux sont toujours en cours et loin d’être achevés.

Ministre de l’Environnement et Développement Durable dans le gouvernement Ilunga Ilukamba entre septembre 2019 et avril 2021, « l’homme d’action » sera, peu après, cité dans le rapport de l’Inspection Générale des Finances, IGF,  dans l’affaire d’attribution illégale des concessions forestières.

4. Modeste Bahati Lukwebo

Présentement président du Sénat, Bahati Lukwebo est un perpétuel dignitaire des régimes politiques successifs en RDC. Fervent serviteur du MPR de Mobutu Sese Seko, Lukwebo n’a eu d’ennuis qu’avec Laurent-Désiré Kabila, mais a vite rebondi entre les mains du fils de ce dernier, après son assassinat. Elu député national dans le territoire de Kabare, en 2006, il sera promu questeur de l’Assemblée Nationale.

A l’époque, il décevra ses électeurs par son sursaut d’orgueil, au point que ceux-ci se trouvèrent moins enthousiastes à son égard aux élections de 2011. A la publication des résultats par la CENI, Lukwebo était donné perdant, avant d’être repêché par la Cour Constitutionnelle en défaveur de madame Eliane Kabare. Du coup, il est promu au rang de super ministre du régime Kabila, en devenant tour à tour Ministre de l’Emploi et de la Prévoyance Sociale, Ministre de l’Economie Nationale et Ministre du Plan.

En dépit de ces différents postes ministériels  qu’il aura occupés, Modeste Bahati Lukwebo n’a que très bien servi son entourage, en casant nombre d’entre eux dans diverses institutions étatiques et paraétatiques. Le 10 octobre 2022, dix membres de sa famille biologique vont lui adresser une correspondance manuscrite dans laquelle ils crient au secours car révoqués de leurs postes au gouvernorat par Théo Ngwabidje, actuel gouverneur de la province du Sud-Kivu.

Quant à l’intérêt collectif de sa province, il est resté aux abonnés absents ; ce qui lui a valu une nouvelle déconfiture au cycle électoral suivant.

Tête d’affiche de l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC), dont il est l’autorité morale, Lukwebo n’a pas réussi à se faire élire député national dans la ville de Bukavu en 2018, quels que soient les moyens colossaux qu’il a engagés dans la campagne électorale. Il sauvera sa face à la sénatoriale car n’ayant plus affaire qu’à des députés provinciaux dont la sensibilité à la voix des billets verts a été décriée.

Plus tard, après s’être brouillé avec son ancien boss, Joseph Kabila, Bahati Lukwebo a trouvé faveur aux yeux de Felix Tshisekedi, qui en a fait son bras droit, lui réservant même le poste de président de la chambre haute du parlement, pour le compte de l’Union Sacrée pour la Nation, la nouvelle coalition au pouvoir.

Dans ces différentes positions, qu’il a acquises sur le dos et pour le compte de la population du Sud-Kivu, Lukwebo s’est adjugé une richesse inestimable, et est devenu un grand investisseur du domaine de l’immobilier. Quant  à l’impact de son émergence politique sur le devenir de sa province, il est logé dans des discours qui en parlent mieux, pas dans les actions.

Actuellement, l’homme de 67 ans est sur un projet ambitieux ! Au village de Nyakadaka, dans le groupement de Bugorhe, territoire de Kabare, s’érigent une université et un hôpital modernes. Des initiatives privées qui, possiblement, porteront le nom de l’initiateur ou de sa fondation. Ce projet va donc être réalisé à quelques mètres de l’université du Cinquantaine de Lwiro, une institution publique dont l’état actuel fait croire à un abandon ! De même, à quelques 5 Km, se situe l’hôpital légendaire de la FOMULAC qui, présentement, est en train de s’effondrer.

Le Sud-Kivu ne sera donc pas en train d’assister à son premier spectacle au cours duquel les initiatives privées des hommes au pouvoir engloutissent des projets publics existants qui, pourtant, ne demandent que la rénovation.

5. Vital Kamerhe

« Parler de Vital Kamerhe sans parler du Sud-Kivu et vice-versa, c’est politiquement absurde » D. Murhabazi

Plus qu’une vedette, Vital Kamerhe jouit d’une stature d’icone incontournable au Sud-Kivu. En début des années 2000, alors qu’elle sortait fraichement de l’occupation rwandaise, la province du Sud-Kivu se trouvait soulagée par la puissante et confortable position qu’occupait son fils auprès de Joseph Kabila. Croyant en sa bonne foi, le Sud-Kivu a couvert Vital Kamerhe d’une telle célébrité qu’il est devenu un véritable leader politique d’ampleur nationale et internationale. Aux élections législatives de 2018, le « garçon Bk » raflera une centaine de milliers de voix dans sa ville natale, et deviendra ainsi le meilleur élu de l’histoire du pays.

Expliquant l’histoire d’amour entre Kamerhe et sa province et la taille politique qu’elle lui a offerte, le militant Murhabazi souligne que :

« Vital Kamerhe doit plus à la province du Sud-Kivu que celle-ci ne lui doive ».

Pourtant déjà ministre de la communication et médias, sous le régime de transition (1+4), Vital Kamerhe sera à nouveau élu président de l’Assemblée Nationale, avec une influence incommensurable sur la sphère dirigeante dont il était indéniablement un des principaux faitiers.

Bien qu’il n’occupera le perchoir de la chambre basse du parlement que pour deux années, Kamerhe finira son parcours sans rien entreprendre de pérenne en faveur des siens. Sortant fraîchement de la guerre, le Sud-Kivu verra vite ses espoirs s’étouffer avec l’éviction de son champion sans goutter à la saveur de la réalisation du projet « 5 chantiers pour changer le Congo dans 5 ans» du président Joseph Kabila.

« Cette province devrait réellement refléter le Kamerhe incontournable dans la politique de la RDC. Tout est paradoxe malheureusement. Le Sud-Kivu de Vital Kamerhe ne devrait pas être ce Sud-Kivu d’aujourd’hui », regrette Delphin Murhabazi.

Depuis lors, la province du très célèbre Vital Kamerhe ne fait que décélérer, mais celui-ci ne cesse de s’en servir pour assurer sa renaissance politique, tout comme la perpétuation de son influence sur ses pairs. Il en sera le cas à la création de son parti politique, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), qui engrangera le plus grand nombre d’adhésion au Sud-Kivu, et n’a ménagé aucun effort pour accompagner ses ambitions présidentielles désespérées en 2011 (où il finit 3ème avec 7%).

« Si Vital Kamerhe a beaucoup plus promu des individus à la place du Sud-Kivu comme nombreux pourraient aussi le dire, par simple analyse objective, on peut constater que sa popularité ne vaut rien pour cette province. C’est une affirmation qui paraît politiquement incohérente mais vraie de fait », reste convaincu le militant de Réveil des Indignés.

Plus récemment, aux élections de 2018, Vital Kamerhe a tiré tout le jus de sa popularité au Sud-Kivu, en se faisant élire haut la main à la députation nationale. Il devient le meilleur élu de l’histoire du pays et son pactole de votes a octroyé 3 sièges à son parti.

En même temps, VK a imposé la notoriété de son partenaire, et candidat président de la République, Felix Tshisekedi. Ce dernier ayant été élu à la magistrature suprême, il réservera au natif du Sud-Kivu le poste officiel de Directeur de cabinet, mais en réalité celui-ci jouissait du réel pouvoir d’un « vice-président de la république ». Il pouvait ordonner et sursoir le décaissement des fonds du trésor public, suivant une procédure de crise dont lui seul détenait les conditions d’éligibilité.

Avant sa sortie de ce poste et son expérience d’incarcération, dans le procès dit de 100 jours, Vital Kamerhe, natif de Walungu, a pris soin de bien servir ses proches collaborateurs, ainsi que les membres de sa famille. Par les non-dits dudit procès, qui finira par l’acquitter (après revisitation de l’œuvre du second juge), il a été établi que les décisions de Vital Kamerhe dans le projet de 100 jours ne subissaient aucune censure, car reflétant théoriquement la volonté du chef de l’Etat.

Sous ses aisselles, Vital Kamerhe entretient une unité de politiques, produits dans son moule, qui ne s’illustre que par des beaux discours en lieu et place d’actions de développement. C’est notamment le cas des lieutenants Aimé Boji Sangara et Amato Bayubasire, tous originaires du territoire « béni » de Walungu, présentement titulaires des postes de ministre et vice-ministre dans le gouvernement Sama Lukonde, mais dont les « actions » ne se font pas sentir dans leurs différents domaines.

« Dire que Kamerhe n’a rien fait pour le Sud-Kivu serait trop sensationnel. Cependant, il doit beaucoup au Sud-Kivu et n’a pas encore fait assez pour cette province par rapport à tout ce qu’elle lui a donné », conclut Murhabazi sur Kamerhe.

6. Azarias Ruberwa

Nombreux ont tendance à dissocier Me Azarias Ruberwa Manywa de ses origines sud-kivutiennes.

Eh oui ! Pour certains, il est « Munyamulenge », mais pas sud-kivutien ; une considération justifiée, vue l’improductivité de la politique de l’homme de Minembwe en faveur de la province. Ceux qui n’ont rien à voir avec sa communauté (banyamulenge) attribuent abusivement toutes ses actions à cette frange de la population de la province. Oh ! Que c’est fallacieux !

Si Vital Kamerhe et Néhémie Mwilanya ont informellement joui de la notoriété voulue au vice-président de la République, Me Ruberwa, lui, l’a été officiellement après l’accord de Sun-City en 2002. Malheureusement, c’était sans satisfaire l’opinion tant nationale que provinciale. Candidat à l’élection présidentielle de 2006, il ne réunira à peine que 1% de votes favorables, le classant parmi les moins élus. L’ombre de son précédent passage à la rébellion sous le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD, l’a emporté sur ses responsabilités officielles de l’époque, qui du reste n’auront pas profité à ses frères. Pour lui, le sort semble avoir payé cash.

Après la rébellion et les élections, l’homme sera nommé à quelques postes ministériels mais à la fin, aucun impact n’a été visible dans sa province. Discret, Ruberwa est l’un des leaders politiques de la province qui font moins de discours et de sorties médiatiques. Moins de promesses également. Mais pendant ce temps, la province attend de lui.

7. Marcelin Cishambo

Si pendant ses 18 ans de règne Joseph Kabila a eu des hommes de confiance, Marcellin Cishambo en était un. Longtemps conseiller du chef de l’Etat, Marcellin Cishambo s’est souvent distingué par des apparitions intempestives à la télévision, tant lors des matches de l’équipe nationale qu’au cours des défilés officiels.

Plus tard, il sera élu gouverneur de la province, et la suite parle éloquemment d’elle-même.

Jusqu’à présent, aucune œuvre sociale n’immortalise le « chevalier blanc » dans la province dont il a pris les rênes de 2010 à 2017, moins encore dans Walungu, le territoire dont il est natif. Sept ans à la direction de la province, Marcelin Cishambo restera dans la mémoire du sud-kivutien comme le gouverneur aux injures faciles et qui ne s’empêchait pas de monter aux estrades pour s’offrir en spectacle au public dans des soirées dansantes.

Grâce à son caractère impitoyable, Marcelin Cishambo Ruhoya a tenté de redonner d’aération à la ville de Bukavu, en cassant plusieurs immeubles érigés anarchiquement dans l’emprise de la voirie urbaine. Malheureusement, la destruction d’immeubles n’a pas été suivie de la mise en place d’artères modernes, ce qui a débouché plus tard à l’envahissement des espaces autrefois libérés.

Certes, c’est sous le règne de Cishambo que le tronçon allant de la Place de l’indépendance à Panzi a été asphalté. Cette portion de route, déjà émaillée de plusieurs imperfections, fait partie du projet de réhabilitation de la route nationale N°5 allant de Bukavu à Uvira, passant par les escarpements de Ngomo et la cité frontalière de Kamanyola. Alors qu’il était prévu que les travaux de cette route prennent 18 mois, pour relier les deux villes distantes de 122 km, 6 ans après le démarrage, la route n’a été asphaltée que sur une distance d’environ 5km.

Candidat aux élections législatives du 30 décembre 2018, Cishambo n’a pas été élu dans son territoire d’origine.

8. Norbert Katintima

Norbert Basengezi Katintima est  un personnage atypique au sein de la classe politique. Jadis pasteur et acteur de la société civile, il est passé par la rébellion, sous quelle casquette il occupa le poste de gouverneur de province, avant d’intégrer la cour des grands, et les institutions nationales de premier plan. Depuis les premières années du 21ème siècle, Katintima siège régulièrement dans les grands bureaux de Kinshasa, sans que cela se sente systématiquement sur le sort de sa province, le Sud-Kivu.

Pas très élaboré, à l’instar de Vital Kamerhe et sa suite, mais Norbert Katintima veut son brillant parcours politique à son éloquence. Grâce à quelques actions aux fins électoralistes, il s’adjuge le monopole de la notoriété de la chefferie de Kaziba, en territoire de Walungu.

Pour certains de ses proches, Kantintima « a aidé plusieurs jeunes à trouver des bourses d’étude aux institutions supérieures et universitaires au pays, comme à l’étranger ». A en croire ses détracteurs, l’ancien gouverneur n’oriente toutes les bourses qu’il engrange qu’aux jeunes de sa chefferie de Kaziba, au détriment d’autres entités de la province.

Si l’on en croit les sympathisants de monsieur Norbert Basengezi Katintima, il est reconnu à l’homme d’avoir participé à la « construction des institutions supérieures et universitaires du pays ».

Ceux-ci soutiennent même qu’il a « participé à différents projets de construction des marchés dans le Bas-Congo, dans le Sud-Kivu, au Kasaï et à Lubumbashi et dans bien d’autres d’entretien et d’aménagement des routes dans la province du Sud-Kivu ». Oui, au Sud-Kivu, l’homme est « promoteur » de quelques institutions « publiques » d’enseignement supérieur et universitaire battues dans sa chefferie natale. Mais de quels marchés et routes s’agit-il exactement ?

Ces allégations, triomphantes soient-elles, ne feraient pas forcement foi dans leur intégralité. Certaines actions s’avèrent vraies et vérifiables, mais pour la plupart, elles n’ont bénéficié qu’à la chefferie de Kaziba, base électorales naturelle de monsieur Katintima.

Par ailleurs, la construction des marchés ainsi que « l’aménagement des routes dans la province » rappelle à une matière à controverse. Tenant compte de l’état de délabrement actuel de la voirie sud-kivutienne, il y a à dépourvoir cette  affirmation de toute véracité.

Quant à son émergence personnelle, Norbert Katintima est au cœur d’un investissement incommensurable dans le secteur immobilier et hôtelier. N’ayant plus eu de profession, à part les responsabilités politiques qu’il n’a cessé d’occuper, il convient d’affirmer que monsieur Katintima doit ses acquis à la province du Sud-Kivu.

Par contre au Sud-Kivu, l’on ne garde que peu de bons souvenirs de lui, à part ses actions à caractère politicien qui ne s’orientent qu’à sa chefferie. La quasi inexistence de ses actions à ampleur indéniablement intégratrice en fait un leader de sa colline.

En outre, pour la société civile et la jeunesse de sa chefferie chérie de Kaziba, M. Norbert Basengezi est animé d’un esprit égocentrique qui n’ouvre pas l’espace à d’autres leaders ainsi que l’unilatéralité de ses actions.

« Ce qui lui est reproché souvent, il fait des activités et des projets sans concerter la communauté bénéficiaire. Il veut rester un seul leader pourtant la fierté d’un leader c’est de vivre pour les autres et de penser à d’autres piliers pour le remplacer. Bref, il est égoïste», explique un membre de la Société Civile de Kaziba.

Alors ministre national de l’Agriculture, Pêche et Elevage, Katintima érigera une minoterie dans la cité frontalière de Kamanyola, en territoire de Walungu. Une minoterie privée, bien entendue.

9. Sylvanus Mushi Bonane

Même ministre national, Mushi Bonane n’a eu que pour bilan « la qualification de l’OC Bukavu Dawa aux compétitions africaines ».

Il n’est pas étonnant que la silhouette de Me Sylvanus Mushi Bonane disparaisse progressivement des mémoires des bukaviens, et des sud-kivutiens en général, après l’éclatement de son équipe de cœur en plusieurs petits clubs.

En 2006, il est élu député national, dans la ville de Bukavu, avant d’être promu ministre de la Recherche scientifique. Depuis lors, plus rien.  Aucune action ne porte la signature de Me Sylvanus Mushi Bonane.

Les enfants nés en plein 21e siècle ne gardent aucun souvenir de cet homme qui a pourtant bénéficié de toute la largesse de la population bukavienne. Cette générosité naïvement lui offerte va le consacrer et devenir un des leaders les plus consultés de la province et du pays sous l’ère Kabila.

Si Mushi Bonane ne doit rien à la province du Sud-Kivu, il doit tant aux amoureux du ballon rond qui l’ont propulsé tel une fusée pour s’être rangé du côté de l’OC Bukavu Dawa, l’un des clubs les plus brillants et populaires de la province au tour des années 2010. Ainsi, lui demander un stade moderne dans la ville de Bukavu et dans chacun de huit territoires de la province serait peu lui demander !

10. François Rubota

François Rubota Masumbuko est miraculeusement devenu un perpétuel dignitaire des régimes politiques. Cet ancien collaborateur du Dr. Denis Mukwege a quitté le monde humanitaire en 2006, quand il s’est fait élire député national. Il fera preuve de chancellement politique lors du virement de son parti politique, le Mouvement Social pour le Renouveau (MSR), vers l’opposition, en restant fidèle au président de l’époque, Joseph Kabila.

Bien que négativement sanctionné dans sa circonscription électorale d’Uvira, au scrutin de 2018, Rubota se fera repêcher en intégrant l’Union Sacrée de Felix Tshisekedi. Là, il est redevenu ministrable. Actuellement, il dirige le ministère de Développement Rural ; un secteur stratégique et dont la province a désespéramment besoin.

Son parcours spectaculaire ne se suit malheureusement pas de réalisations en faveur de sa population qui attend tant de lui.

11. Jean-Marie Bulambo Kilosho

Il n’existe pas de Bulambo Kilosho non politicien, et il n’existe pas de Bulambo politicien sans le Sud-Kivu ; notamment la ville de Bukavu et le territoire de Mwenga.

Elu traditionnel de la ville de Bukavu, Jean-Marie Bulambo est maintenant à sa troisième mandature comme député national, et à sa deuxième élection comme député provincial.

Ces divers mandats à l’hémicycle sont souvent écourtés par des postes ministériels, ce qui laisse souvent place aux autres membres de sa famille qu’il désigne stratégiquement comme suppléants.

Il a pourtant une frange de compatriotes qui ne jurent que par son nom. Mais qu’en profitent-ils ?

Originaire du territoire de Mwenga, Bulambo Kilosho a dans son territoire des actions en nombre très exhaustif.

Selon madame Aridja Mutekulwa, leader des femmes dans le territoire de Mwenga, cet élu du peuple a érigé « un monument à Mwenga, en y construisant un hôtel, qui sert de logement aux visiteurs ».

A ceci, Aridja ajoute une action, à rechercher dans un passé un peu lointain :

« A un moment, il y avait une famine terrible dans l’espace Lega. Il avait cultivé 42 hectares de manioc, qu’il vendait aux habitants, et il a apprêté un véhicule pour le transport des produits jusqu’aux domiciles des acheteurs », a-t-elle renchéri.

Outre ces deux actions, la présidente de la Synergie d’Appui aux Initiatives des Femmes (SAIFE) se souvient que « dans la synergie des Legas qui réhabilite des ponts sur la route nationale N°2, Jean-Marie Bulambo a également contribué avec une somme de trois mille dollars américains ».

Par rapport aux attentes de la population, l’action de Bulambo dans le territoire de Mwenga ne reste que trop limite. Pour madame Aridja, la population attend plus de son fils, notamment dans le plaidoyer pour le développement et dans des actions sociales pérennes.

« Plaider pour la réhabilitation de la route nationale N°2, c’est la plus grande attente que la population avait à son égard. Nous n’attendons pas qu’il distribue de l’argent à tout le monde, car il n’a pas cette attribution. On l’attendait aussi plutôt dans des actions sociales, mais il nous a vraiment déçus. Il n’a jamais construit la moindre école ; il n’a même pas offert la moindre tôle à une école préexistante pour sa réhabilitation », a révélé Aridja Mutekulwa d’un ton deçu.

Bulambo Kilosho, plus qu’un fils, a longtemps été porteur d’espoir pour la communauté de Mwenga, dont les attentes ne font que se refroidir au fil des ans. « On croirait qu’il défend nos intérêts au niveau de Kinshasa [capitale de la RDC], mais quand nous suivons les plénières de l’Assemblée Nationale, nous ne le voyons jamais prendre parole pour nous défendre », s’est indignée cette femme leader.

Madame Mutekulwa, comme la plupart de ses compagnons de la SAIFE, n’attend pas d’argent de Jean-Marie Bulambo. Celui-ci est pourtant connu pour sa générosité pendant la période préélectorale et électorale.  A la veille des échéances précédentes, on voyait le candidat Bulambo mobiliser des milliers de personnes dans l’enceinte du Stade de la Concorde de Kadutu dans la ville de Bukavu, et ceux-ci en sortaient toujours munis de quelques billets de banque.

Adulé dans les territoires de Mwenga et de Shabunda, Bulambo n’est pas pour le moins pardonnable du criant manque d’infrastructures de première nécessité dans ces deux riches territoires. Incapable de remédier à ce criant problème, Bulambo jouit pourtant d’une notoriété susceptible d’influencer la prise des grandes décisions à l’échelle nationale.

12. Denise Nyakeru Tshisekedi

Si à Walungu est toujours en vogue l’adage « Ahawankaburha muzungu, wankaburha madami » (traduit de la langue Shi par « Heureuse est la famille qui donne naissance à la femme du roi que celle du roi lui-même », la population du Sud-Kivu en général et celle de Walungu en particulier aura du mal, si pas des années, à y revenir.

La première dame tend déjà vers la fin du quinquennat, et rien de palpable ne la caractérise dans sa province. Native du Sud-Kivu, et du territoire de Walungu, madame Denise Nyakeru visite à peine sa province. Alors que pendant ce temps, la population de cette province espère avoir eu la pièce extraordinaire pour son développement. Quatre ans déjà, rien ne rend différente l’« âme-sœur » du Président de la République de tous les autres natifs du Sud-Kivu sur le plan progrès de la province.

Les efforts de grande envergure consentis par Denise Nyakeru Tshisekedi à travers la fondation qui porte son nom dans la mise en œuvre du programme « Excellentia », qui octroie des bourses d’étude universitaire aux élèves du secondaire qui se sont grandement distingués, et son plaidoyer qui a conduit au vote et à la promulgation fin 2022 de la loi fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité en RDC sont une preuve éloquente de la puissance de son influence en tant que telle.

C’est vrai, elle n’est pas politique. Non plus, le Sud-Kivu n’aura pas trop de fierté qu’elle ait épousé un puissant politicien.

Au Sud-Kivu, si le commun de mortel n’arrive pas à identifier de projets de développement dignes du rang et de l’influence qu’a Denise, Théo Ngwabidje, gouverneur de province « déchu », attribue, quant à lui, les travaux de réhabilitation en cours sur le tronçon Kazingo-Amsar, d’environ 8 Km sur la nationale N°2, aux efforts de plaidoyer de la première dame auprès de son mari ! Mais en effet, il s’agit des travaux qui rentrent dans le cadre du programme de 100 premiers jours du règne du Président Félix Tshisekedi, insivesti depuis le 24 janvier 2019!

Une fois le mandat de son mari fini, son aura s’évaporera sans laisser de trace, à l’image du brouillard du matin aux crêtes des collines. Le Sud-Kivu se contentera d’avoir eu sa fille comme première dame de la république mais peinera de retracer l’impact de cette bénédiction sur son progrès.

Une province moribonde

Contrairement aux provinces voisines, le Sud-Kivu ne fait que stagner dans un sous-développement historique. Bien que potentiellement très riche, cette province est devenue la rusée du monde. Sans infrastructures routières, il est pénible d’effectuer un petit voyage de 50Km de la ville de Bukavu, et cela tant vers le Nord, le Sud que vers l’Ouest [le Rwanda étant à l’Ouest].

Sur une distance de moins 100 Km à la sortie de la ville de Bukavu, rien n’étonne que le voyage prenne deux, trois ou quatre jours voire plus, selon les saisons. Alors que béni d’un sol fertile, les productions pourrissent soit au champ, soit en cours de route faute de l’insécurité et d’absence de routes de desserte agricole praticables. Un coup dur pour la population.

Outre quelques infrastructures scolaires et sanitaires anciennement construites par les confessions religieuses et quelques entrepreneurs privés (dont nombreuses sont en état de délabrement),  l’action gouvernementale ne se fait pas sentir dans ces deux secteurs à l’échelle provinciale.

De toutes les provinces nées de la division de l’ancien Kivu, le Sud-Kivu est resté sans repère en termes d’initiatives de développement, et ce, suite visiblement au manque de volonté politique de ses fils devenus plus riches que la province.

Le Nord-Kivu, qui naturellement n’était que son petit frère est aujourd’hui la référence dans la région. Bien que frappé par des éruptions volcaniques et affecté par la situation générale du pays, le Nord-Kivu a su développer sa voirie, le secteur du tourisme ainsi que l’agriculture. Bien que l’effort collectif soit la clé de cet envol, l’apport des fils et des filles de cette province ayant émergé dans le secteur politique reste de grande importance.

Ceux-ci n’ayant pas joui de mêmes opportunités que les fils du Sud-Kivu, il y a lieu de mettre en exergue un sens d’égoïsme dans le chef du politicien sud-kivutien, qui généralement ne cherche qu’à assouvir sa seule soif de bonheur, oubliant d’où il est venu et qui l’a propulsé plus haut.

Dommage que la conscience collective tarde à se réveiller pour entreprendre une sanction exemplative face à cette imposture devenue chronique !

Année de beaucoup d’enjeux, 2023 reste une année déterminante comme elle accueille les élections au pays. Plusieurs « loups » vont communier même avec le diable pour se transformer en « moutons » aux yeux de la population qui paie le lourd tribut de leur cupidité et égoïsme légendaires.

L’espoir de toute une province repose désormais sur les épaules d’une nouvelle génération des jeunes filles et garçons patriotes qui s’indignent de la détérioration occasionnée par des ainé.e.s qui se sont enrichi.e.s illicitement, laissant la province par terre !

Rédaction

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