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Politique

RDC : La République des honorables clochardisés

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Les Assemblées provinciales de la République Démocratique du Congo issues des élections du 30 décembre 2018 ont officiellement ouvert leurs portes enfin du mois de janvier 2019 sur l’ensemble de la République. Au Sud-Kivu la session a été officiellement ouverte en date du 30 janvier 2019.

Si les députés provinciaux ont beaucoup plus travaillé pour la mise en place des institutions à travers les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces, leurs gouvernements provinciaux ainsi que le sénat à travers l’élection des sénateurs, il y a lieu de noter que le gros du travail s’est également concentré sur le vote des édits budgétaires et quelques actes de contrôle des exécutifs.

Aussi, les députés provinciaux ont travaillé pour la mise place de leurs bureaux définitifs, les commissions permanentes, les groupes parlementaires ainsi que l’élaboration des textes qui régissent leur fonctionnement.

Au Sud-Kivu, quelques initiatives ont été également prises par certains députés pour contrôler le gouvernement et principalement l’utilisation des fonds destinés à certains travaux mais aussi le non-paiement des agents de l’Etat en province.

Les plus courageux comme le député Jérémie Basimane sont allés même jusqu’à initier une question écrite pour exiger du Gouverneur du Sud-Kivu des explications claires sur l’utilisation d’une somme de plus de 3 millions cinq cents mille dollars américains empruntés auprès d’une banque au Sud-Kivu mais aussi sur le niveau d’exécution des travaux des cent jours du Chef de l’Etat en province. Cet élu de Kabare a été qualifié de tous les maux au Sud-Kivu.

Dans d’autres provinces comme celle de l’Ituri, des députés sont allés même jusqu’à voter une motion de défiance contre le Gouverneur Jean Bamanisa Saidi mais ce vote a tout simplement été rabroué par le ministre national de l’intérieur avant la Cour Constitutionnelle.

Des députés qualifiés de corrompus

Lors des élections des sénateurs et des gouverneurs des provinces, plusieurs voix se sont levées pour fustiger des actes de corruption auxquels se seraient livrés les députés provinciaux.

Au Sud-Kivu par exemple, des députés ont même été séquestrés dans des hôtels par les responsables de leurs partis politiques afin d’éviter qu’ils soient côtoyés par d’autres acteurs politiques candidats.

Un candidat Gouverneur est même arrivé à affirmer : « je suis heureux comme j’ai eu zéro voix. Cela me réjouit car parmi tous ces quarante-huit députés, personne ne pourra revendiquer avoir voté pour moi » (Justin Bitakwira). Une chose qui a été interprétée par plus d’un comme une preuve de corruption.

Sont-ils exposés à la corruption car ils n’ont pas de salaire ?

Bientôt une année et trois mois que les Assemblée provinciales sont mises en place mais les députés provinciaux dénoncent avoir été oubliés par l’Etat congolais pourtant leurs collègues députés nationaux sont régulièrement payés.

« … tout en les félicitant pour ces initiatives combien louables, nous regrettons une chose de voir que selon les messages relayés sur les médias et sur les réseaux sociaux, aucune d’elles n’a pensé au payement des salaires des Enseignants Nouvelles unités et des nouvelles écoles déjà mécanisées, d’autres en cours de mécanisation, ni faire allusion à la situation que traversent les députés provinciaux dans les 26 provinces de la RDC. 9 mois impayés c’est trop », regrette un député dans un message avant de faire une comparaison « les députés Nationaux,  les Sénateurs, les Ministres Nationaux et autres, sont payés. Seuls les députés Provinciaux ne le sont pas. Ceci explique, qu’il faut travailler dans la capitale pour bénéficier d’un traitement digne et régulier. Plusieurs promesses ont été  faites mais en vain ».

Jérémie Basimane regrette de voir aujourd’hui les députés provinciaux sont incapables de nouer les deux bouts du mois et moins encore de répondre aux attentes de leurs bases surtout en cette période où il faut sensibiliser sur le COVID-19.

« les députés Nationaux sont en train d’assister leurs bases avec de lave-mains, de cache-nez et autres matériels pour lutter contre le Covid 19 et contribuent à la caisse de solidarité; mais, les députés provinciaux sont en difficulté même de se déplacer dans leurs circonscriptions électorales pour sensibiliser les populations qui ont tendance à banaliser cette maladie et croire que covid19 n’est que pour une catégorie des personnes, pourtant meurtrier et non sélectif… », se plaint ce cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie PPRD, membre du FCC.

Des honorables qui jettent la casquette d’honorable pour mettre celle de clochard

Des réactions face à cette publication n’ont pas tardé à pleuvoir. Nombreux estiment que lorsqu’un représentant du peuple se plaint jusqu’à un tel niveau et qu’aucune réaction des autorités n’est enregistrée, il y a lieu à se poser des questions.

En effet, des sources proches de certains députés contactées par la Rédaction de deboutrdc.net indiquent que nombreux d’entre-eux vivent désormais des emprunts auprès des banques et des changeurs de monnaie dans l’espoir d’un remboursement avec intérêt à une probable paie de leurs émoluments.

Néanmoins, l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu continuerait de recevoir une somme d’environ 150 mille dollars par mois comme dotation de la province. La clé de répartition de cette somme donnerait des avantages exorbitants d’abord au bureau de l’organe délibérant puis aux députés provinciaux et enfin aux agents et cadres de l’administration de cette institution.

Malgré cela, nombreux qualifient les députés provinciaux de clochards en lieu et place de la qualité d’honorable.

Députés impayés, un danger pour le Gouverneur et ses ministres

Nombreux estiment qu’il est temps que le gouvernement central puisse se saisir de la question et éviter, lors des prochaines sessions, que les députés provinciaux puissent initier des actions parlementaires dont le souci serait plutôt de se refaire la santé de l’argent auprès du Gouverneur des Ministres et même d’autres services en province.

En effet lors de la législature de 2006, plusieurs acteurs politiques et sociaux n’ont cessé de dénoncer des motions qualifiées de « motions alimentaires » ;  allusion faite ici aux motions initiées par certains députés provinciaux mais dont l’issue a toujours été la corruption et ou la vente des initiatives.

A l’heure où l’on lutte contre la déstabilisation des institutions, l’urgence serait que les autorités prennent des mesures qui s’imposent pour éviter que cela arrive pour les actuels députés provinciaux.

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