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Crédit photo ©SEBASTIEN KITSA MUSAYI
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Consolidation de la paixPolitique

RDC : Quand l’état de siège devient un état de piège

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Entre les M23 et les FARDC finalement chacun profite de sa manière, l’état de siège persiste et la population souffre. L’inefficacité de l’état de siège à mettre fin aux hostilités à l’Est de la République Démocratique du Congo est décrié partout. Décrété depuis le 06 Mai 2021 à l’initiative du président de la République Felix Tshisekedi, l’état de siège n’a neutralisé aucun groupe armé ni récupéré l’un de 78 Villages et cités occupés par les rebelles. La ville de Goma est devenue un triangle de mort malgré l’état de siège devenu un piège pour ses habitants.

La société civile reproche aux autorités militaires et policières de s’occuper plus du business que de la situation sécuritaire qui ne fait que se dégrader. Du côté du gouvernement Congolais, les dirigeants se félicitent car (pour eux) le calme revient petit à petit surtout en Ituri.

‘’Comment garder quelque chose qui n’a pas réussi à résoudre un problème ?  Toutes ces entités occupées par les rebelles, jusque-là on n’a jamais récupéré même un Village. On doit continuer comme ça pourquoi ? Nous considérons que l’état de siège n’existe plus parce qu’ils ont échoues,’’ s’exaspère John Banyene, président provincial du bureau de coordination de la Société Civile au Nord-Kvu.

A qui profite l’état de Siège ?

La société civile du Nord-Kivu affirme qu’il y a un grand nombre des officiers militaires Congolais qui se livrent dans le business miniers au lieu de combattre l’ennemi.

Au-delà des déviations de ces militaires en mission de guerre dans l’Est du pays, il y aurait d’autres révélations accablantes selon lesquelles la résurgence de la rébellion du M23 a augmenté les volumes de financement des opérations militaires en RDC. Malgré le manque d’exploit des FARDC sur terrain, les décaissements des fonds n’ont jamais hésités de hausser considérablement.

‘’C’était 459 millions de dollars en 2021, 700 millions de dollars en 2022 et jusqu’aujourd’hui les chiffres du budget de l’état de siège ne cesse de monter en puissance,’’ dévoile Afrika Intelligence.

Gracien Iracan, député national élu de Bunia dans la province d’Ituri déclare qu’il y a actuellement beaucoup des trafics de minerais du côté des militaires de FARDC et les rebelles de M23.

‘’On sait voir qu’il y a un conflit net entre la population et les officiers qui sont sur terrain. Les militaires font l’exploitations illicites des minerais. Ils se donnent beaucoup à chercher l’argent que d’aller protéger la population. Il y a beaucoup des trafics militaires de FARDC et du côté des rebelles de M23,’’affirme l’élu de Bunia Gracien Iracan

Alors que ce commandement militaire qui dirige les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu sous l’état de siège excelle dans l’inefficacité, le M23 en profite pour s’enrichir.

Le M23 grignote aisément sa cagnotte

C’est depuis Octobre 2022 que le M23 occupe des postes frontaliers stratégiques de Kitagoma et Bunagana avant d’occuper les centres commerciaux de Kilolirwe, Kitshanga et Masisi. Toutes les zones qu’occupe le M23 sont stratégique sur le plan commercial, minier et positionnement.

Le M23 s’est taillé l’autorité sur des entités ayant des grands sites d’exploitation minière parmi lesquelles le site de Rubaya dans le territoire de Massi qui produit 50 % du coltan de la RDC. Plusieurs autres minerais stratégiques comme la tourmaline, l’or, le diamant, la cassitérite passent désormais sous l’occupation des rebelles dans ces entités.  En juillet 2023, une correspondance d’un consortium de 14 organisations de la société civile a été adressée au chef de l’État, accusant le M23 de braconnage et l’exploitation illégale des ressources naturelles du Parc National des Virunga. Fort malheureusement une peine perdue.

En second lieu, le M23 a développé une administration parallèle qui perçoit des impôts et taxes sur les citoyens et les acteurs économiques dans ces zones occupées.  Au poste frontalier de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, le groupe d’experts de l’ONU estime que le M23 continue de gagner environ 27 000 US$ par mois, uniquement à travers les taxes de transit imposées aux piétons qui traverse la frontière avec des marchandises.

Dans un rapport de l’enquête menée par une institution indépendante de recherche publique ‘’DIIS’’ (Danish Institute for International Studies), démontre comment ces derniers amassent de milliers des dollars à travers les taxes qu’ils imposent au-delà du secteur minier.

Sur la route qui relie Kiwanja à Bunagana (Territoire de Rutshuru), par cours le M23 impose des taxes qui varient entre 320 et 700 dollars américains pour le camion et 10 000 à 15 000 Franc Congolais pour les motos cyclistes. Le Fuso paie par semaine au moins 420 dollars chacun, ce qui rapporte au total 50 400 dollars par mois, une taxe à verser au M23. 10 petits Fuso (camionnette ou canter) par semaine paient au moins 300 dollars, rapportent 12 000 dollars par mois. 100 motos par jour paient au moins 5 000 FC (2,5 dollars) rapportent 7 500 dollars par mois.

Sur l’axe Kitshanga-Kilolirwe-Sake (territoire de Masisi), le M23 a également établi des barrières routières. A la barrière de Burungu, chaque véhicule (Fuso) en route pour Sake paie entre 300 et 700 dollars par passage, et une moto qui transporte un colis paie entre 5 000 et 10 000 FC. Selon plusieurs transporteurs, au moins 30 véhicules Fuso et 10 petits véhicules passent par l’axe Sake-Kitshanga chaque semaine à la barrière de Burungu. De plus, au moins 100 motos traversent cette zone chaque jour. Cela représente aussi un revenu en taxes estimé à au moins 69 500 dollars par mois sur cet axe.

Quel mystère derrière le cesser le feu?

Plusieurs sources font savoir que  le cesser le feu  fait tourner convenablement la roue économique des uns et des autres. 

Le président du bureau de coordination de la Société civile affirme je cite : ‘’le cesser le feu profite toujours à l’ennemi,’’ fin de citation.

L’acteur de la société civil John Banyene poursuit en déplorant l’inattention de l’Armée de la RDC pendant le cesser le feu. Solon lui, même les paisibles citoyens qui étaient restées pendant les affrontements sont interdites d’accéder à leurs champs. Il y aurait aussi plus des 40 motos qui ont été brulées par les rebelles en date du 16 Août dernier à Rutshuru sous le cesser le feu. La Route National (RN27) est également fermée depuis le mercredi 17 septembre 2024.

‘’Cette période de cesser le feu c’est un moment pendant lequel il y a des crimes graves qui sont en train d’être commis. Le gouvernement ne doit pas continuer à rester indiffèrent à la souffrance de sa population. Durant cette semaine un grand nombre des militaires Rwandais continuent à entrer en RDC via Kibumba et entrent dans le Parc. On ne sait pas à quoi il se prépare. La population est dans l’inquiétude,’’ révèle John Banyene.

Jugé intitule, à quand la fin de l’Etat de siège ?

Actuellement l’état de Siège est à sa 82ème prorogation forcée. Les députés élus des provinces touchées par les conflits armées (Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu) ont tous boycottés la plénière séance tenante ce Jeudi 19 Septembre à l’assemblée nationale de Kinshasa. Malgré leurs insistances sur la levée de l’état de siège, la mesure a été prolongée pour une durée de 15 jours au lieu de 30 jours habituels.

‘’On continue de proroger sans voir les nombres des morts, le nombre des déplacement massifs qui continue d’augmenter. Il n’est pas dit que s’il n’y a pas état de siège le pays ne va plus combattre. Nous avons une armée qui est toujours disposée à combattre avec ou sans état de siège. En Ituri toute la population est accusée d’être dans les groupes armés. Cela fait que les gens sont arrêtés en cascade,’’ se plaint le député Gracien Iracan

Les députés des entités consternées ont sollicités un débat vis-à-vis de l’échec de l’état de siège mais ils n’ont pas eu une suite favorable. Ces derniers voudraient débattre une fois pour toute pour que l’état de siège soit levé. Malheureusement, l’occasion n’a pas été accordée. C’est ainsi que l’état de siège a été prolongé pour la 82ème fois.

Le député élu d’Uvira au Sud-Kivu Justin Bitakwira a promu qu’ils ne vont plus siéger si la solution n’est pas trouvée pour lever l’état de siège.

‘’On ne traite pas un malade sans l’entendre. On nous interdit de nous plaindre pourtant c’est nous qui subissons la guerre. Pour mettre fin à ce clivage, nous insistons que dans les jours qui viennent, si on ne nous écoute pas, notre présence ne se justifiera plus au sein de cette assemblée nationale,’’ promet Justin Bitakwira.

 Goma, un triangle de mort

Ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu est devenue un épicentre de l’insécurité grandissante malgré la présence des autorités militaire de l’état de siège. Les gens meurent par fusillade en pleine journée et d’autres visités la nuit dans leurs ménages et cela tous les jours dans tous les quartiers presque.  L’insécurité a gagné du terrain. La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer chaque jour dans cette ville dirigée par un Maire, un adjoint et des Bourgmestres tous militaires. C’est la ville où réside le gouverneur militaire et la représentation de tous les commandements militaires pour la ligne de front. La société civile affirme que Goma est devenu un triangle de mort car tous les jours et à tout moment, Goma ne cesse de perdre des vies humaines.

‘’Ici à Goma maintenant il y a un grand problème parce que le mode opératoire de ce terroriste vient de changer. Nous venons d’assister à un phénomène horrible. Cette fois on a commencé à couper les gens en morceau à l’aide des machettes hanches comme les ADF les font dans le grand Nord à Beni,’’ révèle John Banyene de la Société civile.

La situation humanitaire continue de se détériorer aussi dans les zones en guerres et particulièrement dans la province du Nord-Kivu. Dans la Ville de Goma, la mendicité est accrue. Les déplacés de guerre passent des journées en train de sillonner dans les ménages et dans la rue pour demande de l’aide.

Signalons qu’en date du 6 Avril 2024, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies ‘’OCHA’’ a fait un rapport selon lequel depuis le début de l’année 2024 (trois mois), il y a eu plus de 738 000 personnes nouvellement déplacées. La République Démocratique du Congo compte environ 7,2 millions de personnes déplacées au total aujourd’hui. Les femmes représentent 51% de la population déplacées en RDC.

Amisi Musada Emérite

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