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Consolidation de la paix

Mbobero : une journée d’angoisse et d’ordinaire injustice

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Mercredi 27 octobre 2021, les familles qui sont restées dans l’enclos bâti par Mr. Joseph Kabila à Mbobero ont été terrorisées par une attaque hors de toute légalité. Monsieur Karubandika, qui a été surtout visé, s’est donné le courage de participer le dimanche 31 octobre au Comité et a fait le récit de ce qui s’est passé.

Papa Karubandika, qu’est-ce qui s’est passé mercredi le 27 octobre 2021 dans l’enclos bâti par Mr. Kabila ?

Le matin à 6h-6h30, alors que j’étais chez moi, j’ai vu arriver une colonne de militaires, armés comme s’ils allaient à la guerre. Je me suis demandé ce qu’ils allaient faire. Ils sont arrivés chez moi avec des « Pomba solution ». Sans trainer, ils m’ont ligoté les mains et jeté à terre. J’ai demandé qu’est-ce que j’avais fait. Ils n’ont pas répondu et m’ont trainé dans la boue. J’ai été blessé au bras. Mon petit frère est arrivé : lui aussi ils l’ont jeté à terre, frappé et durement torturé. En voyant qu’ils voulaient me tuer, un autre petit frère est venu et lui aussi a été durement torturé, et jusqu’à présent il est hospitalisé. Nos maisons, ils les ont pillées en emportant tout ce qu’ils trouvaient : celui qui avait des poules ou des cobayes, ils les ont prises ; même deux chèvres que j’avais à la maison ils les ont emportées, ainsi que les tuyaux de l’eau. N’avons rien sauvé. J’ai vu qu’il n’y avait rien à faire. Jusqu’à présent le dos me fait très mal, je me suis efforcé de venir à la réunion du Comité. Ma famille et les autres de l’enclos sont en train d’errer dehors, nous n’avons plus où aller.

Qui a fait tout cela et pourquoi ?

C’est Joseph Kabila Kabange qui a envoyé les soldats et les « Pomba solution. Il y avait sept camions de militaires. Ils sont arrivés là-bas me maltraiter et toutes les familles ont été dispersées : personne n’est resté dans l’enclos

Le reste de la population de Mbobero comment ont-ils réagi ?

Les gens du dehors, en arrivant, ont vu qu’on avait fermé l’enclos ; alors ils circulaient pour chercher à voir ce qui se passait et comment dépasser le mur. Les militaires ont tiré des coups de balle en l’air, lancé des bombes lacrymogènes et même des grenades en l’air. Il n’y avait aucun moyen de recevoir une aide de la part de ceux qui étaient dehors.

Comment voyez-vous ce qui s’est passé ce matin-là ?

Nous n’avons pas de pays : notre pays aime la corruption et il n’y a pas d’autorités. Nous voyons qu’ils agissent de manière à nous faire perdre la vie à cause de nos droits et de ceux de nos familles. Toutefois, si par la grâce de Dieu nous pouvons trouver une ou deux personnes qui plaident pour nous, qu’ils arrivent chez le Président de la République et lui demandent où en sont les gens de Mbobero, pourquoi on leur en veut jusqu’à ce niveau : ils souffrent, dorment dehors, les mamans sont violées, les papas sont humiliés, les enfants trainent dans la rue faute de moyens de les faire étudier… nous nous demandons pourquoi.

Lors de votre assemblée générale du 10 octobre, qu’est-ce que vous vous étiez proposés ?

Sachant qu’il y avait ce programme de nous chasser et qu’on avait donné la corruption aux juges, nous avions demandé aux autorités du pays et à la justice d’en prendre connaissance et de nous aider, en mettant sur la droite ligne la justice. Vu qu’il n’y a pas de justice au Congo, nous avions demandé aux autorités de voir comment faire pour que le droit soit rendu à celui auquel il appartient. Nous nous sommes dit : Nous avons nos documents de propriété de la terre que nous avons reçus depuis nos grands-parents. Nos grands-parents sont morts là-bas, nous n’irons pas ailleurs. Nous voyons qu’au Congo il n’y a pas de justice et on permet aux puissants de nous opprimer.

Qu’est-ce qu’il faut que Mr. Kabila sache et qu’est-ce que vous demandez à nous autorités et aux gens du monde entier ?

Nous demandons que toutes les autorités qui approchent Mr. Joseph Kabile lui montrent la vérité de ce qui se fait à Mbobero, car il y a beaucoup de mensonges qui se disent. Les gens qui étaient avec Kabila continuent à nous faire souffrir.

Nous demandons encore une fois à nos autorités de près ou de loin de connaitre les larmes de gens de Mbobero : il n’y a pas de nourriture, les gens meurent de faim, de manque de lieu où habiter, les enfants n’étudient plus, des filles ont été violées, des personnes ont été tuées… Il faut que les autorités du pays et les gens du monde entier nous aident. Vu que Mr. Tshisekedi a assumé la présidence, qu’il voie comment mettre fin aux différents problèmes, surtout ceux de Mbobero : que nous rentrions dans nos droits et qu’on ne continue plus à nous tuer comme des animaux. Que nous sachions que nous aussi nous avons un Président.

Etes-vous résignés et disposés à laisser votre terre ou continuerez-vous le combat ?

Nous ne laisserons jamais les tombeaux de nos grands-parents, nous continuerons notre lutte. Même s’ils nous maltraitent ainsi, nous continuerons notre lutte jusqu’à ce que toute personne de Mbobero rentre dans sa terre. S’ils veulent nous tuer, qu’ils nous tuent : nous ne ferons pas marche arrière, jusqu’à ce que chacun rentre chez lui. Avec l’aide du Seigneur, si les autorités du pays nous aident et que nous recevons de la nourriture, nous pouvons continuer.

Conclusion de Mr. Baguma Kameme, porte-parole du Comité des victimes

Nous demandons aux gens du monde entier, aux défenseurs des droits humains qu’ils considèrent attentivement la situation de Mbobero. Si nous n’étions pas des gens de foi, une rébellion violente aurait commencé à Mbobero, mais comme nous avons confiance en Dieu que nous rentrerons dans nos terres, nous ne suivons pas le chemin de la rébellion, comme d’autres font au Congo, à cause de la colère contre les injustices.

Nous demandons aux grands du monde de nous aider, d’être interprètes concernant ce dossier de Mbobero qui continue à nous amener morts et peur, même si nos autorités semblent ne rien voir. Même si l’on sait que la justice est corrompue, ce qui a été fait à Mobobero a de l’inouï. Les droits humains sont piétinés au vu et au su des autorités. Nous croyions que Mr. Kabila aime la justice, et nous avions cru que la justice aurait aidé à apporter une lumière. Mais il a donné la corruption, il est un milliardaire.

Pour le jugement où nous avions perdu (RC 458) nous avions fait recours en appel, dons il ne pouvait pas l’exécuter et chasser les familles. Et même pour le jugement où nous avions vaincu (RC 459), il s’est comporté de même.

Ce mercredi-là c’était le deuil, qui continue jusqu’à présent. Les militaires ont poussé les habitants dehors de l’enclos comme des animaux et ont pillé leurs maisons, sans que personne ne puisse intervenir en leur secours, parce que les militaires étaient nombreux. Ils étaient aidés par les « Pomba solution » du quartier de l’Essence, des bandits de haut rang qui terrorisent les gens.

C’était un grand deuil à Mbobero. Nous avons alors décidé d’aller bloquer la route N. 5, à Kazingo, à l’entrée de la ville. Ils nous ont frappés, ils ont arrêté quelques-uns. Beaucoup ont perdu leur téléphone. Aujourd’hui ceux qui ont été chassés de l’enclos n’ont pas où loger, leur vie est encore plus difficile, car c’est la troisième démolition. C’est vraiment triste.

Lire aussi: Sud-Kivu : plusieurs blessés dans la démolition des maisons à Mbobero

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