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déguerpissement forcé à Irambo
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Consolidation de la paix

Mbobero : Meurtris, nous continuons notre lutte (Interview)

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Trois semaines après la violente attaque du 27 octobre 2021, échange avec Mr. Joseph Zahinda, Président du Comité des victimes des démolitions et spoliations à Mbobero et Mr. Matthieu Baguma Kameme, Porte-parole du Comité.

Trois semaines après que les gens qui restaient dans leurs maisons dans l’enclos bâti par l’ancien Président Joseph Kabila ont été attaqués et sauvagement frappés, quelle est leur condition actuelle ?

Leur vie est devenue très difficile, parce que ceux qui avaient déjà planté leurs plantes vivrières (haricots, mais, manioc et légumes) n’ont même pas où cueillir des feuilles de manioc. Ils manquent de nourriture, d’habits, ils n’ont pu rien emporter de leurs choses, parce qu’ils étaient ligotés, frappés comme des chiens et jetés dehors. Et ils étaient déjà pauvres… Si on considère que les autres, environ trois mille cinq cent personnes, ont perdu leurs maisons et leurs champs au long de ces six ans presque, on voit que la situation est très grave.

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Dans l’enclos de Mr. Kabila aucune famille n’est restée ?

Personne n’a osé rester dans l’enclos, même pas ceux qui avaient reçu un jugement favorable : tous ont été maltraités. Personne ne peut même pas entrer dans l’enclos, occupé par les policiers qui ont été placés par la famille de l’ancien Président Kabila. Des gens cherchent prudemment à regarder au-delà du mur pour voir la situation : des maisons ont été fermés par les assaillants avec des cadenas, à d’autres on a enlevé les tôles, d’autres ont été démolies.

Comment ont réagi les autorités face à ces événements ainsi que face aux démolitions précédentes ?

Les autorités n’ont rien dit jusqu’à présent, peut-être à cause de la peur. Ces assaillants qui ont agressé les familles dans l’enclos étaient accompagnés par des policiers et par les « Pomba solution », des jeunes énergumènes du quartier de l’Essence. Et pourtant la Police ne peut pas se déplacer dans la Province sans que les autorités ne soient informées.

Les journalistes ont-ils dit la vérité sur ces événements ?

Oui, les journalistes ont condamné cette action animalesque, surtout Radio Svein et Neno la Uzima, ainsi que le journal en ligne Deboutrdc.

Est-ce que la population, les chrétiens ont manifesté leur solidarité envers les victimes ?

L’abri où a trouvé refuge la famille de Mr. Karubandika, avec un bébé de trois semaines

Les chrétiens, malgré leur pauvreté, ont manifesté compassion et solidarité : certains ont accueilli ces victimes le jour même de l’attaque, dans leurs maisons en construction qui n’avaient que des sticks et des tôles et maintenant il faut chercher des bâches pour les protéger ; d’autres ont bâti pour eux des abris avec des bâches ; d’autres ont partagé leur peu de nourriture. C’est grâce à eux qu’ils continuent à vivre.

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Comment pensez-vous procéder à présent ?

Nous sommes encore tous choqués par ce qui s’est passé : nous-mêmes, la Nouvelle Dynamique de la Société Civile en RDC, NDSCI, qui nous accompagne depuis le début de ce combat de David contre Goliath, notre avocat-conseil, Me Marcellin Saizonga. Nous écouterons nos conseillers et nous verrons quoi faire pour continuer la lutte pour nos droits. Vous voyez l’humiliation que nous subissons en ce pays : nous cherchons à recourir en justice mais nous nous sentons vendus, la justice dans notre pays est celle des puissants contre les faibles. Tout semble être boutiqué. Qu’à cela ne tienne, nous voulons passer par la Cassation : notre avocat amènera à nouveau à Kinshasa le RPA 134 dans lequel nous contestions à la maman Olive l’acte de vente de nos terres. Si nous n’obtiendrons pas notre droit, nous voulons recourir au niveau international. Notre avocat compte aussi prendre à partie les juges du Tribunal de Grande Instance de Kavumu qui n’ont pas été corrects dans leur manière d’instruire et juger ce dossier.

Le chantier où Mr. Karubandika a trouvé refuge, avec sa famille et un bébé de trois semaines.

Au niveau local, il y a deux jugements qui sont sortis suite à la plainte contre deux familles de l’enclos déposée par la famille Kabila. Dans l’un, les juges nous ont donné raison, dans l’autre tort : et à propos de ce dernier, nous avons fait recours en appel. Mais voilà la violence qui s’est abattue sur tous les habitants de l’enclos. Cela montre qu’ils sont en train d’utiliser la violence et ne respectent même pas la justice chez laquelle ils avaient porté plainte.

Ce qui crée problème dans notre pays et qui suscite de nombreuses rébellions, c’est la corruption et l’injustice. Si nous avions voulu, nous aurions pu faire notre rébellion, parce que ce qui s’est passé est révoltant et nous avons le cœur meurtri. Nous continuerons notre lutte non-violente en justice, on ne peut pas l’abandonner.

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Pour tout savoir sur le dossier Mbobero, suivre ce documentaire aussi:

 

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